Le film : « L’honneur d’un capitaine »
Affiche du film de P. Schœndœrffer « L’honneur d’un capitaine »
Le film débute par un débat télévisé entre plusieurs invités faisant suite à la projection d’un film sur la guerre d’Algérie (allusion à l’émission de la deuxième chaîne de l’O.R.T.F, Les dossiers de l’écran, créée par Armand Jammot en 1967 et présentée par Alain Jérôme).
Au cours du débat, les méthodes du capitaine Caron tué en 1957 (interprété par Jacques Perrin) sont dénoncées par l’un des intervenants, le professeur Paulet (Jean de Vigny). La veuve du capitaine (Nicole Garcia) intente alors un procès en diffamation. Sa cause est défendue par son oncle, bâtonnier (Georges Wilson), et une jeune avocate (interprétée par Claude Jade), tandis que maître Gillard (Charles Denner) défend Paulet.
Le film alterne donc des moments du procès, avec citation de témoins, et des retours en arrière présentant des épisodes du commandement du capitaine Caron à la tête de la 2e Compagnie du 423e Bataillon d’infanterie alpine en Algérie.
Au cours du procès, Paulet et son avocat s’attachent à démontrer la culpabilité de Caron dans plusieurs affaires :
- l’exécution d’un traître algérien incorporé dans l’armée française. […]
- l’exécution d’un prisonnier de l’A.L.N (l’Armée de Libération Nationale). […]
- la disparition d’un villageois, proche des fellaghas,
- ainsi que la violation du territoire tunisien.
[…]Le film s’achève, après le procès, par un dialogue entre d’anciens militaires cités par la défense. Dialogue qui invite à nuancer les responsabilités respectives.
extrait de la proposition de Claude Basuyau.
Tournage du film « L’honneur d’un capitaine »
Le réalisateur : Pierre Schœndœrffer
Pierre Schœndœffer est un jeune alsacien de 17 ans à la fin de la seconde guerre mondiale. Ses lectures pendant les années terribles de l’occupation ont été un refuge et lui ont donné le goût du grand large.
À 19 ans, il s’embarque comme matelot de pont léger sur un cargo suédois. Mais les rêves que lui ont insufflés Conrad, Kessel et Kipling sont plus forts que tout. Il voudrait être témoin, partager et faire partager l’aventure épique des hommes du XXe siècle.
À 23 ans, il se porte volontaire et s’engage au service cinéma des armées pour partir en Indochine. Cette expérience va le marquer à jamais. Parachuté à Diên Biên Phu, il sera ensuite fait prisonnier par le Vietminh ainsi que toute la garnison.
Libéré par les accords de Genève, il décide de ne rentrer en France qu’après avoir bouclé le tour du monde, avec, cette fois, une accréditation de photographe pour Match, Life, Look et Bunte en poche.
Akira Kurosawa l’invite sur le tournage du Château de l’araignée au Japon. A Hollywood, il est engagé comme consultant sur un film de guerre. Mais surtout à Hong Kong, il fait la connaissance de Joseph Kessel qui lui promet de l’aider à mettre en scène son premier film de fiction. Il l’impose comme metteur en scène pour La Passe du diable, un western antique dans les déserts montagneux d’Afghanistan. Suivront d’autres films, la 317e section, adaptée de son roman du même nom.
Il passera régulièrement du cinéma à la littérature, sans jamais oublier le reportage, recherchant sans cesse des moyens narratifs différents.
Entres autres récompenses, il reçoit, le prix Vauban en 1984 pour l’ensemble de son oeuvre.
En 1988, il est élu à l’Institut de France – Académie des Beaux-Arts. En 1992 avec le film Diên Biên Phu, il clôt sa trilogie indochinoise.
En 2007, invité par le 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), dont il est soldat de 1re classe d’honneur, il se rend en Afghanistan, un demi-siècle après avoir découvert le pays aux côtés de Joseph Kessel.
Pierre Schœndœrffer meurt le 14 mars 2012 à l’hôpital militaire Percy de Clamart où il avait été transféré quelques jours auparavant à la suite d’une opération chirurgicale. Le 19 mars, jour anniversaire de son parachutage à Diên Biên Phu, ses obsèques sont célébrées en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides à Paris, suivies d’un hommage national dans la cour d’honneur des Invalides.
Source site ministère de la défense.
Pourquoi je vous conseille ce film ?
Ici aussi je vais juste reprendre les mots du Claude Basuyau.
Pierre Schoendoerffer a voulu mettre en scène la nature particulière et la violence de la guerre, ainsi que les conflits de mémoire qui continuent de fracturer la société française. Il a souhaité, par ce film, rendre hommage aux 2 800 000 jeunes appelés du contingent envoyés en Algérie et confrontés à la violence, la violence subie et à la violence infligée.
Le film a été tourné en Ardèche. Ce sont les harkis de Provence et leurs familles qui interprètent les rôles algériens. L’armée française ayant refusé de mettre à disposition du réalisateur du matériel et des soldats, Pierre Schoendoerffer a dû se tourner vers des collectionneurs pour disposer de véhicules et de matériel militaire. Quant aux soldats, ce sont des jeunes acteurs qui ont dû se suivre une formation militaire accélérée dispensée par Pierre Schoendoerffer lui-même.
Axé sur l’expérience de la guerre des jeunes appelés, le film n’aborde pas d’autres thèmes. Il n’aborde pas, par exemple, celui de la situation des pieds noirs.
extrait de la proposition de Claude Basuyau.
À ceci j’ajoute
Il est difficile d’aborder tous les aspects de ce conflit. Et effectivement certaines impasses ont été faites. Ainsi la situation des harkis qui pourtant étaient des supplétifs de notre armée n’a pas, non plus, été abordées malgré leur présence sur le tournage. Cela ne gâche en rien la qualité de ce film encore une fois tourné vers les hommes. La solitude du chef y est encore si bien montrée (comme déjà dans la « 317ème section« ).