Le film : « Le crabe tambour »
Couverture du livre et affiche du film de P. Schœndœrffer « Le crabe tambour »
À bord du « Jaureguiberry », escorteur d’escadre, bâtiment d’assistance à la grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve, deux hommes évoquent le souvenir qui les obsède d’un de leurs anciens compagnons d’armes, surnommé : « Le crabe-tambour ».
En méditant sur la figure devenue mythique et quasi légendaire de leur ami, les deux hommes se trouvent par-là même réfléchir sur leur propre destin et leurs propres faiblesses. Le médecin du bord a connu le crabe-tambour en Indochine et s’est toujours un peu reproché d’être rentré en France, la guerre finie, au lieu de « dériver » avec son ami sur la Mer de Chine comme il le lui avait promis.
Quant au commandant, qui se sait atteint d’une maladie incurable, le reproche qu’il s’adresse à lui-même est encore beaucoup plus torturant: à l’époque des événements d’Algérie, le crabe-tambour avait, dit-on, participé à la tête d’une poignée d’hommes, à l’insurrection du Sud. Lors des procès suivant le putsch, le commandant s’était vu reprocher, en plein tribunal par le crabe-tambour accusé, d’avoir trahi sa parole d’officier: en effet le commandant avait juré à l’époque de démissionner de l’armée et il ne l’avait pas fait.
Depuis, il s’est promis de saluer avant de mourir le crabe-tambour devenu pêcheur à bord du « Damoclès » qui se trouve faire partie de la flotille escortée par le « Jaureguiberry ». Par radio, le commandant entre en contact avec le crabe-tambour. Mais il mourra, ayant rempli l’ultime mission qu’il s’était fixée à lui-même.
La vie de Pierre Guillaume devient une saga grâce à l’ouvrage de Pierre Schœndœrffer – lui-même ancien d’Indochine et ami du lieutenant de vaisseau – le Crabe-Tambour, qui sort en 1976.
0192 la suite du livre, l’auteur réalise un film deux années plus tard, qui connait un grand succès avec plusieurs Césars à la clé. La légende est en marche…
Pierre Schœndœrffer a dissipé toute ambiguité : « C’était un de ces capitaines légendaires ! Donc on a fait connaissance, et l’on s’est pris de sympathie. Quand j’ai commencé à écrire mon livre, Le Crabe-tambour, je me suis dit qu’il y avait dans son histoire quelque chose qui m’intéressait. Ce n’est pas sa biographie, c’est mon histoire telle que je l’ai rêvée…
J’ai dédié mon roman à mon fils cadet, Ludovic, parce qu’enfant, il avait un petit ventre rond sur lequel il tambourinait, et comme il marchait à quatre pattes et de travers, je l’appelais le crabe. D’où le Crabe-tambour ! Vous voyez, c’est quelque chose de tout à fait personnel. Ce n’est pas sa vie, ce n’est pas la mienne. C’est autre chose ».
Tournage du film « Le crabe tambour » et l’escorteur d’escadre Jauréguiberry
Le réalisateur : Pierre Schœndœrffer
Pierre Schœndœffer est un jeune alsacien de 17 ans à la fin de la seconde guerre mondiale. Ses lectures pendant les années terribles de l’occupation ont été un refuge et lui ont donné le goût du grand large.
À 19 ans, il s’embarque comme matelot de pont léger sur un cargo suédois. Mais les rêves que lui ont insufflés Conrad, Kessel et Kipling sont plus forts que tout. Il voudrait être témoin, partager et faire partager l’aventure épique des hommes du XXe siècle.
À 23 ans, il se porte volontaire et s’engage au service cinéma des armées pour partir en Indochine. Cette expérience va le marquer à jamais. Parachuté à Diên Biên Phu, il sera ensuite fait prisonnier par le Vietminh ainsi que toute la garnison.
Libéré par les accords de Genève, il décide de ne rentrer en France qu’après avoir bouclé le tour du monde, avec, cette fois, une accréditation de photographe pour Match, Life, Look et Bunte en poche.
Akira Kurosawa l’invite sur le tournage du Château de l’araignée au Japon. A Hollywood, il est engagé comme consultant sur un film de guerre. Mais surtout à Hong Kong, il fait la connaissance de Joseph Kessel qui lui promet de l’aider à mettre en scène son premier film de fiction. Il l’impose comme metteur en scène pour La Passe du diable, un western antique dans les déserts montagneux d’Afghanistan. Suivront d’autres films, la 317e section, adaptée de son roman du même nom.
Il passera régulièrement du cinéma à la littérature, sans jamais oublier le reportage, recherchant sans cesse des moyens narratifs différents.
Entres autres récompenses, il reçoit, le prix Vauban en 1984 pour l’ensemble de son oeuvre.
En 1988, il est élu à l’Institut de France – Académie des Beaux-Arts. En 1992 avec le film Diên Biên Phu, il clôt sa trilogie indochinoise.
En 2007, invité par le 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), dont il est soldat de 1re classe d’honneur, il se rend en Afghanistan, un demi-siècle après avoir découvert le pays aux côtés de Joseph Kessel.
Pierre Schœndœrffer meurt le 14 mars 2012 à l’hôpital militaire Percy de Clamart où il avait été transféré quelques jours auparavant à la suite d’une opération chirurgicale. Le 19 mars, jour anniversaire de son parachutage à Diên Biên Phu, ses obsèques sont célébrées en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides à Paris, suivies d’un hommage national dans la cour d’honneur des Invalides.
Source site ministère de la défense.
Pourquoi je vous conseille ce film (livre) ?
Je ne suis pas du tout critique et il s’agit juste d’un avis personnel.
Je ne vais pas m’en cacher : J’adore les films (à défaut d’avoir lu ses livres) de Pierre Schœndœrffer !!!
Ce que j’aime dans ses films tient de l’humain. On n’a pas de scènes de combats extraoridinaires. Plus des escarmouches (à part peut-être dans le film « Dien Bien Phu »). Mais se sont les liens entre les hommes.
Si le film parle (entre autre) de la dernière mission du commandant de bord (Jean Rochefort) il est tout autant symbolique pour le navire sur lequel il a été tourné, l’escorteur d’escadre Jauréguiberry. En effet le tournage eu lieu durant le premier trimestre 1977 et il fût désarmé en septembre 1977. Retrouvez un reportage sur le tournage du film dans les archives de l’INA.